L’idée ne vaut rien, le client fait tout : ce que Nicolas Régnier nous a appris

Par Marc-Antoine Planelles

Nicolas Régnier, entrepreneur aguerri, fondateur de plusieurs startups (dont l’une revendue au groupe CBRE) et aujourd’hui responsable du programme développement durable à Station F, a partagé une vision sans filtre de l’entrepreneuriat. Une parole rare, dense et précieuse, qui dézingue les fantasmes pour recentrer le débat sur l’essentiel : le client.

De 1000 euros à CBRE : un parcours brut

Nicolas Régnier ne vend pas du rêve. Il vend du concret. Et c’est ce qui rend sa parole percutante. Il raconte comment, avec 1000 euros en poche et une caméra thermique, il a lancé sa première activité. Pas de levée de fonds, pas de business angel. Juste une obsession : trouver un premier client prêt à payer.

C’est en écoutant les besoins du terrain, en testant, en adaptant qu’il monte une véritable offre. La suite ? Des contrats, une revente à CBRE, et une nouvelle aventure, cette fois à Station F, où il structure le programme dédié aux startups à impact.

Une méthode : vendre avant d’avoir

« Si ton projet est bon, ton client peut poser 30% d’acompte, même si t’as rien de prêt. Sinon, c’est qu’il te balade. »

Ce principe revient comme un mantra. Nicolas Régnier invite à vendre le besoin, pas la solution. Aller voir les bons interlocuteurs, pas juste des proches. Confronter l’idée au marché, ne pas chercher la perfection, mais le cash. Pas pour la cupidité : pour valider.

Il distingue clairement les faux signaux (likes, encouragements, retours bienveillants) des vraies preuves de marché : une transaction, un contrat, un engagement financier.

Station F : une vision terrain du développement durable

Derriere le mythe des licornes, Nicolas Régnier installe une logique de terrain. Depuis 2022, il pilote le programme sur le développement durable à Station F.

Il y reçoit des dizaines de porteurs de projets chaque semaine. Son filtre ? Pas de dossier sans preuve de traction. Il cherche des gens capables de résoudre un vrai problème, d’avancer avec peu, et de comprendre qu’une bonne idée n’a aucune valeur sans exécution.

« Les idées ne valent rien. Ce qui compte, c’est l’énergie qu’on met à les transformer en valeur pour quelqu’un d’autre. »

Le miroir : ce que ça m’a rappelé

En tant qu’entrepreneur moi-même, je me suis reconnu dans beaucoup de choses. J’ai monté Rise sans budget, en vendant avant de produire. Je sais ce que c’est que de pré-vendre un service, de se faire confiance avant même d’avoir les moyens.

Et ce qu’il m’a rappelé, c’est qu’à chaque étape, le marché est ton seul juge. Pas ton entourage. Pas LinkedIn. Pas ton board. Le client.

Merci à Nicolas Régnier pour cette intervention lucide, directe, et furieusement utile. Une claque entrepreneuriale qui mériterait d’être entendue bien au-delà des cercles initiés.